Libéré de la question du sujet et surtout de la narration, Philippe Cognée travaille sur les limites de la forme grâce à un procédé singulier qu’il a mis en place au mitan des années 1990 :
« Au départ, il y avait un geste qui m'intéressait. J'ai toujours été à la fois iconoclaste et à la fois dans la construction des images. J'aime bien détruire pour reconstruire. Il y a ce jeu-là que les enfants font en faisant un château de sable : on donne un coup de pied dedans mais pour en refaire un autre, c'est une sorte de jeu. Et moi, je me suis dit qu'en faisant ce geste, j'efface celui du peintre. Le geste du peintre c'est le geste de Van Gogh, de Goya, c'est la touche picturale qui caractérise souvent les artistes. Evidemment, avec ce geste d'effacement, j'allais à l'encontre de cela. Je trouvais très intéressant d'avoir un résultat qui soit l'envers du geste, presque neutre. De là naissait un deuxième geste parce que dans cette originalité-là, il y avait quelque chose que je n'avais jamais vu et qui apparaissait. Donc on pouvait dire que c'était le nouveau geste du peintre » - Philippe Cognée